Elle : « … et tu n’es pas jaloux que j’aie… ? »

Par Jil Daatano le 10 août 2013 1
Dans Fantasmes candaulistes

Ma réponse
« Non, au contraire, ma chérie, que nenni. Il me plaît de te savoir désirable, désirée, aimée, que tu prennes du plaisir là où il s’accroche, s’approche, s’embroche. En te voyant hier si calme, si olympienne, si candide je ne pouvais m’empêcher de penser à tes frasques frivoles de la veille et un doux frisson de vice joli me lézardait les glandes ;

un élan sourd de générosité me parcourait aussi, d’abord pour toi qui t’affirmes et le prouves, ensuite pour lui, qui aussi te sait et a pris, tout comme moi, du plaisir à râper tes chairs, buter tes parois roses, de nacre, connaît ta fourrure…

Il me plait de savoir qu’après lui tu me veuilles encore, que tu sois autonome, belle, avide, fière de l’être, à remplir, à gaver d’amour, de mamours, de tendresses ton corps en liesse…

Et jaloux, tout au bout, point ne suis car tu ne m’appartiens guère. Tout ce que tu fais pour toi, j’en profite. Je jouis par contumace en lisant l’eau de tes yeux, ton sourire complice de te découvrir Femme, fatalement femme.

Cela me soulage aussi de savoir que tu offres ton honneur, tes ardeurs, tes liqueurs, tes saveurs, tes sueurs, ton cœur et ton corps sans ambages, jambes en Victoire à ce monsieur si docte, ce docteur, ton praticien tout contre toi, à ton endroit ou à l’envers devers de toi.

Tu me fais honneur en prenant un amant si digne. Par intermède ça m’aide car j’avais peur que tu me tiennes seul responsable de ton bonheur physique ! Panique.
Et comme ça tu peux comparer, jouer des différences, les apprécier : c’est quand même plus naturel que la monogamie factice.

Ce disant je nous revois tous les deux imbriqués l’un dans l’autre, mon sexe gonflé, braqué dans ta touffe fournie se perdre dans ton delta obscur à la recherche d’une issue clairvoyante.

Je me sens engoncé à l’étroit dans tes chairs molles, t’impliquer partout de l’intérieur et ton sexe rieur d’aller à ma rencontre en joutes crues, ressacs secs, flaques en fresque, jubilations verticales, inexplicables, épanchements perlés…

Tu neiges en bulles suaves, tu me noies, je nage en toi, je ‘pleus’, je pleure, je glicle, je m’extirpe de tes méandres lubriques, lubrifiés, ciselés, annelés, annexes qui reluisent dans ta nuit de femme.

J’en oublie mon corps, j’en oublie la mort, je rends l’âme, je me répands. »
Jil, mardi soir


Lettre à Brigitte (1986) ma compagne d’alors, après un petit « puzzle hors-piste » (voir le titre) qu’elle s’était octroyée, où elle ne comprenait pas mon « manque de jalousie… Dis-le : tu ne m’aimes plus. » La suite, les suites lui ont prouvé le contraire.

1 commentaire

Elle : « … et tu n’es pas jaloux que j’aie… ? »

Par jacherino le 12 août 2013

Prose-Poème étonnant !
un lyrisme dans l’ode à une épouse qui laisse imaginer le supplice de celle-ci de se sentir désirée et donnée, absoute mais qui doute de l’amour qui lui ait porté.
Joli texte, trop rare !