Candaulisme, amour de soi-même amour de l’autre

Quelle est l’influence d’un manque d’amour de soi-même dans une relation candauliste

Par Candaule le 30 mars 2014 4
Dans Partager un art de vivre

Avant tout chose, il est bon de rappeler que si la pratique du candaulisme nécessite d’aimer l’autre, elle nécessite plus encore et de manière indiscutable un puissant amour de soi-même, cet amour caractérisé par de la bienveillance, et du respect.

En quoi le manque d’amour de soi-même influence une relation candauliste ?

Le manque d’amour de soi-même peut avoir des conséquences directes sur notre relation avec notre partenaire qu’il soit amant ou conjoint(e). Il se traduit par un manque de confiance, des doutes et de la méfiance qui peuvent générer ou entretenir une relation de couple où l’autre est réduit à l’état d’objet, un objet dont on se sent parfois propriétaire, mais qui n’éprouve rien (pas d’émotions, pas de sentiments tout comme n’importe quel objet !) que l’on utilise pour sa propre satisfaction.

Trois situations me viennent ainsi immédiatement à l’esprit :
- La première, celle où Monsieur décide du scénario que Madame s’applique à exécuter (Madame même si elle y trouve une satisfaction, est bien là aussi, utilisée est considérée comme un objet à ses yeux comme dans le regard de son conjoint ou de ses partenaires).
- Le second est un cas bien plus fréquent, celui où le couple ne considère, là aussi, l’amant que comme un objet pour leurs propres satisfactions sans prendre en compte son état émotionnel, sans avoir le souci de le mettre à l’aise.
- Le troisième cas, bien moins fréquent, est celui où Madame prend du plaisir avec son amant en l’absence de son conjoint, sans chercher à apaiser les craintes, les peurs de son conjoint, lui proposant simplement son excitation et le récit par le menu de son escapade.

Ces trois exemples ont ceci en commun qu’ils révèlent l’incapacité de l’individu, à s’aimer lui-même. Ce manque d’amour de soi peut aussi prendre une forme de dévotion, un don d’amour qui n’est que le masque d’un énorme besoin d’être aimé qui ne sera jamais comblé. Etre aimé par ce que j’accepte de l’autre, non pas parce que je l’aime mais plutôt parce que je ne m’aime pas assez et j’accepte d’en être l’objet.

La pratique du candaulisme est fondée sur la rencontre de tous les langages de la communication humaine : langage des sentiments, des désirs, des émotions, de l’inconscient et des sens. Dans la rencontre sexuelle, le manque d’amour de soi va induire des rapports d’exigence, de violence, voire de perversité de type sadique.

Celui qui ne s’aime pas peut alors à la fois tout accepter de l’autre et se vivre comme un simple objet de désir, et traiter l’autre comme l’objet de son propre plaisir. Ainsi une personne candauliste, peut faire l’amour à sa partenaire, non dans le plaisir et le lâcher prise, mais avec la volonté de vérifier qu’il/elle lui appartient toujours, que son corps est toujours sa propriété. Ce manque d’amour de soi peut alors orienter les aventures candaulistes sur des pratiques de possessivité, de consommation et d’aliénation de l’autre.

Quels sont les origines du manque d’amour de soi-même et le candaulisme ?

Comme le disait Honoré de Balzac : « L’amour n’est pas seulement un sentiment, il est un art aussi". Lors d’aventures candaulistes comme en Amour, l’une des principales règles de l’art serait donc de s’aimer soi-même pour pouvoir aimer l’autre. Facile à dire mais pas facile à faire...

Le constat universel est bien la nécessité d’être aimé par l’autre pour vivre. Aimé par l’autre, son conjoint comme son amant mais aussi et avant tout par nous-mêmes.

Il est bon de savoir que certains n’ont pas appris à s’aimer. Ces individus que ce soit des hommes ou des femmes ont certainement manqué d’amour à un moment fondateur de leurs vies. En effet, le fait par exemple, de n’avoir pas été suffisamment aimé ni reconnu dans son enfance peut engendrer un besoin d’amour exacerbé et une perpétuelle insatisfaction.

Un candauliste peut aussi, de manière inconsciente, rechercher dans la relation avec sa partenaire, à construire une relation à l’image de celle qu’il a eu avec ses parents qui ne l’ont pas aimé ou mal aimé. La personne répète alors "son histoire" et ne va ainsi pas s’autoriser à se laisser aimer par sa conjointe qu’il va pousser dans les bras d’un autre.

Il peut aussi - par peur de perdre son conjoint à travers une aventure candauliste - s’enfermer et vouloir enfermer sa partenaire dans une relation fusionnelle où chacun est réduit à un objet. Quand je dis : "Je t’aime !", cela peut ainsi vouloir dire : "Aime-moi !"...

Comment le candaulisme peut-il contribuer à construire une image plus positive de soi-même ?

Le candaulisme peut nous permettre d’apprendre à nous aimer nous-mêmes ; à travers le regard désirant de son amant comme à travers celui de son propre conjoint. Ces différents regards participent à la construction d’une image positive de nous-mêmes.

Le candauliste peut parfois vouloir aider sa partenaire à se construire une image positive d’elle-même pour bénéficier par transfert de cette image pour lui-même.

Valoriser sa/son partenaire en l’aimant sans le juger est la base indispensable avant de se retrouver dans la pratique candauliste. Si vous êtes attentionné(e), à l’écoute, elle/il aura une image plus positive de lui/elle-même et libérera plus facilement son "Je", son potentiel, son imagination, ses désirs ...

Petit à petit, il/elle intégrera ce nouveau regard candauliste plus valorisant. Si il/elle se sent aimé(e), il/elle prendra conscience qu’il/elle est aimable. Ces remarques s’appliquent tout au long des aventures candaulistes, au candauliste lui-même, sa partenaire ou l’amant de celle-ci. Poser un regard bienveillant et respectueux sur l’autre et son désir c’est un peu comme arroser une fleur qui se fane parce qu’elle a manqué d’eau. Si vous l’arrosez à temps, cette personne retrouve sa beauté. Et si vous-même avez appris à vous aimer en mettant des mots sur votre histoire et vos blessures, vous lui montrez alors un chemin.

Une fois que les deux partenaires d’un couple candaulistes ont appris à s’aimer soi-même, cela permet d’établir une relation de confiance et de s’enrichir mutuellement, de se réaliser en s’ouvrant vers l’extérieur en évitant surtout de s’abîmer mutuellement dans une relation recroquevillée sur soi-même, empreinte de rivalité, de jalousie, de comportements destructeurs pour le couple et l’individu.

Apprendre à s’aimer à travers la pratique du candaulisme, c’est une façon d’apprendre à aimer tout court. Une relation candauliste conduite sur une base de bienveillance et de respect permet petit à petit à l’individu qui n’a pas appris à s’aimer, de modifier le regard qu’il pose sur lui-même et de se magnifier. L’être humain porte en lui une grande capacité de rebond pour inventer sa vie et ne plus rester emprisonné des souffrances de son histoire.

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4 commentaires

Candaulisme, amour de soi-même amour de l’autre

Par jacherino le 1er avril 2014

CQFD ! cher Candaule

Candaulisme, amour de soi-même amour de l’autre

Par Candaule le 31 mars 2014

Merci beaucoup Jacherino pour l’expression de ton point de vue que je partage et qui nous enrichi chaque fois un peu plus.

Alors oui effectivement il existe bien d’autres situations, j’ai choisi des cas de figures qui peuvent paraître extrêmes, mais qui ne peuvent décemment à mes yeux, concourir à l’épanouissement de l’estime que l’on peut avoir de soi même.

Je souhaite engendrer par ce texte une prise de conscience de l’importance que peut avoir le candaulisme sur une construction positive de l’estime de soi.
Cependant, comme vous le dites si bien, notre pratique peut tout aussi bien être favorable à l’épanouissement du couple, comme le desservir.

Par ailleurs, il faut encore rappeler que si la bienveillance comme le respect sont les ingrédients indispensables à une pratique épanouissante, ils ne seraient cependant d’aucune utilité sans une belle communication de couple. Une communication enrichie, alimenté par l’expérimentation de tous les langages de la communication humaine : langage des sentiments, des désirs, des émotions, de l’inconscient et des sens.

Ainsi lorsque les partenaires d’un couple candauliste ont appris à s’aimer par eux-même à travers notre pratique, cela permet d’établir une relation de confiance, de s’enrichir mutuellement et de se réaliser en s’ouvrant vers l’extérieur et toutes les possibilités que nous offre le quotidien.

Candaulisme, amour de soi-même amour de l’autre

Par jacherino le 31 mars 2014

- "Trois situations me viennent ainsi immédiatement à l’esprit :"
* cf. la description précédente, il en existe beaucoup d’autres, et je ne sais pas si beaucoup d’entre nous se retrouverons dans ces 3 cas.
- "La pratique du candaulisme est fondée sur la rencontre de tous les langages de la communication humaine"
* c’est une notion très proactive du candaulisme, basée sur le désir commun de ce jeu érotique, mais à l’évidence, dans les textes que nous lisons, nous rencontrons beaucoup de désirs de soumission, d’ignorance des désir de l’autre (amant ou conjoint), etc., qui pourtant sont des expressions de candaulisme de l’un des partenaires.
- "Dans la rencontre sexuelle, le manque d’amour de soi va induire des rapports d’exigence, de violence, voire de perversité de type sadique."
* si on les prend selon le protagoniste et le récipiendaire. Qui dit rapport personnel (domination/soumission) suppose qu’il y ait échange entre les parties. Ce que vous décrivez s’entend dans un rapport non-consenti ou consenti pour faire plaisir à l’autre : ce qui sort un peu du contexte candauliste.

Je pense que Candaule recherche la vertu du candaulisme. Il est profondément équilibriste, au sens proactif, sans vouloir, je l’espère définir le "Candaulisme" avec un grand "C".
Si on s’aime, qu’on aime l’autre, que la communication est présente et que chacun est proactif dans un objectif commun de sensualité, de réalisation de soi et de respect de l’autre, alors le "candaulisme" devient un épithète à "érotisme".
Excepté l’origine du texte du roi Candaule, je ne pense pas qu’il y ait une vertu au candaulisme, simplement un état de fait que chacun interprète à sa façon.
l’Estime de soi interfère dans les modalités de la pratique. Mais je pense que le candaulisme peut transformer l’estime de soi selon qu’il engendre un transformation positive ou négative sur la relation de couple.
 ;-)

Candaulisme, amour de soi-même amour de l’autre

Par jacherino le 31 mars 2014

si nous devons attaquer l’analyse fonctionnelle d’un tel sujet, peut être faudrait-il définir d’abord l’analyse technique et structurelle !
j’ai déjà tenté d’en extraire périmètre, mais la tâche est ardue.
nous avons trois protagoniste :
- le mari
- la femme
- l’amant
nous pouvons déterminer trois attentes par protagoniste
- le mari
- le plaisir de sa femme
- son plaisir
- le plaisir commun
- la femme
- le plaisir de son mari
- son plaisir
- le plaisir commun
- l’amant
- le plaisir du mari
- la plaisir de la femme
- son propre plaisir
chaque partie détient une expérience qui le mène à une forme de sexualité
- hétéro
- bisexuelle
- homosexuelle
vous croisez le tout avec une tendance, dépendante de l’environnement et de l’acquis
- l’équité
- la soumission
- la domination
que nous pouvons décliner sous plusieurs formes
- le conjoint avec l’amant, seuls
- le conjoint avec l’amant et le second conjoint
- second conjoint passif ou actif
- le conjoint avec de multiples partenaires
- le second conjoint étant présent ou absent
sachant que nous pouvons avoir dans la relation du couple
- un consentement tacite
- un non-consentement explicite
- un partenaire consentant ou non
- un consentement explicite
- passif
- proactif
que nous pouvons faire varier selon
- un désir commun
- le désir de l’un des protagonistes
- le désir de faire plaisir
et si vous tenez compte des variations dans la puissance ou l’extrémité de chacune de ces tendances, alors, en croisant l’ensemble des variables, je pense que nous obtenons un bref aperçu des variations sur un thème : le Candaulisme !
Paradoxalement, je dirai que nous ne sommes pas différents des autres, si ce n’est que nous sommes candaulistes.

Mais je remercie Candaule de nous avoir fourni cette analyse fonctionnelle sur l’estime de soi et de ses bienfaits dans son acquisition
 ;-))