René Girard qui est décédé en novembre dernier a publié son premier livre en 1961. Il l’a intitulé "Mensonge romantique et Vérité romanesque". C’est un livre où il expose sa découverte du désir mimétique.

En effet pour lui, loin d’être autonome, notre désir est toujours suscité par le désir qu’un autre a d’un objet quelconque. Si nous transposons cette théorie dans notre pratique candauliste, tout s’éclaire !

Le désir d’un(e) candauliste se nourrit du désir que son/sa partenaire peut éprouver pour un(e) complice du couple. Mais revenons pour commencer à René Girard et à sa découverte.

Sur quoi s’appuie la découverte de René Girard ?

Dans son ouvrage René Girard présente le mensonge romantique comme le fait de penser comme tout le monde que le désir surgit de l’épaisseur biologique de l’esprit, du cœur et du corps.

A ce mensonge romantique s’oppose la vérité romanesque et ces découvertes faites par tous les grands auteurs romanesques comme Shakespeare, Dante, Cervantès, Dostoïevski, Stendhal, Proust etc.

Cette vérité romanesque est la reconnaissance du fait que le désir est toujours déterminé, suggéré, initié et induit par l’imitation du désir de l’autre !!
Cette notion a été l’une des plus grandes découvertes de la psychologie moderne.

Quel éclairage ont apporté les neurosciences à ce concept de désir mimétique ?

Ce qui est extraordinaire, c’est que 40 ans plus tard, les neurosciences ont démontré le bien-fondé de cette théorie.

En effet en 1996 la découverte des neurones miroirs par l’équipe de Giacomo Rizzolatti, directeur du département de neurosciences de la faculté de médecine de Parme en Italie, a confirmé de manière scientifique ce que René Girard avait lui-même pressentit.

Un neurone miroir c’est quoi ?

Il est bon de préciser que les neurones miroirs sont une catégorie de neurones du cerveau qui présentent une activité aussi bien lorsqu’un individu exécute une action que lorsqu’il observe un autre individu exécuter la même action, ou même lorsqu’il imagine une telle action, d’où le terme miroir.

En neurosciences cognitives, les neurones miroirs joueraient un rôle dans les processus affectifs, tels que l’empathie. Le professeur Ramachandran, une autorité dans le domaine, les appelle " neurones empathiques". Moi je préférerez le terme de " neurones compersifs " .

Quel exemple quotidien pourrait-on prendre ?

Si je voulais illustrer cette explication plus simplement, je prendrais l’exemple suivant :
Lorsque je prends un verre et que je le porte à mes lèvres pour le boire, si l’on enregistre mon petscan, on voit alors que dans mon cerveau certains neurones s’agitent, on peut déterminer alors les zones et les neurones qui s’allument c’est-à-dire dont les cellules sont en activité.

Mais si l’on enregistre le petscan de la personne qui m’accompagne mais qui elle, ne fait que me regarder, nous constaterons quelque chose de stupéfiant : les mêmes zones dans son cerveau vont-elles aussi s’allumer de la même façon.

Si vous observez un groupe de fumeur, c’est le même principe, lorsqu’un l’un d’entre eux allume une cigarette aussitôt les autres en font de même.

En d’autres termes

Cette notion de désir mimétique qui s’appuie sur la découverte des neurones miroirs explique les notions d’empathie et de compersion que l’on peut éprouver à travers la pratique du Candaulisme. Lorsqu’un mari regarde son épouse faire l’amour à un autre homme il active ses neurones miroir et développe sa compersion et son empathie.

À travers ce fonctionnement du cerveau deux individus peuvent ainsi mieux se comprendre et partager des émotions identiques, étonnant non ?