
Ocytocine et fidélité
Quelle est l’influence de l’ocytocine sur la relation du couple
Par
Candaule
le 10 février 2013
Dans
Physiologie et candaulisme
Pourquoi certaines espèces sont-elles monogames ? L’être humain est-il naturellement fidèle ? Face à l’infidélité sommes-nous tous égaux ? La réponse à ces questions résiderait dans notre cerveau sous la forme d’une hormone : l’ocytocine.
Avant toute chose, il faut savoir que l’ocytocine est cette fameuse hormone de l’attachement que notre cerveau sécrète quand nous sommes dans les tout premiers temps de l’état amoureux ou bien que l’on sécrète lorsque l’on fait des câlins à ses enfants, à son partenaire, c’est l’hormone de la tendresse et de la sensualité, d’une certaine façon.
Des chercheurs allemands de l’université de Bonn ont publié leurs travaux dans la revue "The Journal of Neuroscience". Ils ont mené une expérience sur deux groupes d’hommes, à un des deux groupes, ils ont fait respirer un spray nasal à base d’ocytocine, puis ils ont soumis 45 minutes après, les deux groupes à la tentation de l’infidélité.
Que s’est-il passé pour ces deux groupes d’hommes ?
L’expérience consistait à faire s’approcher une femme séduisante d’un volontaire immobile pour voir à quelle distance « confortable pour lui » il lui demandait de s’arrêter. Le procédé était répété dans l’autre sens, le volontaire s’approchant de la femme jusqu’à avoir atteint sa distance de confort.
De multiples combinaisons ont été testées puisque les 57 hommes d’environ 25 ans, tous hétérosexuels, pouvaient aussi bien être célibataires qu’en couple et ignoraient si on leur avait administré de l’ocytocine ou un placebo (inactif) avant l’expérience.
Grâce à ce protocole ingénieux, les chercheurs ont eu quelques surprises. D’abord, ils se sont aperçu que tous les hommes avaient tendance à choisir la même distance de confort (autour de 55 cm) avec la femme séduisante, qui est aussi l’écart observé devant un homme : signe qu’il s’agit d’une distance « sociale » et non d’une zone d’intimité particulière.
Seule exception : les hommes déjà en couple ayant reçu de l’ocytocine qui « préféraient », sans s’en rendre compte, prendre une marge supplémentaire d’environ 15 cm.
Comme si l’ocytocine les avaient rendus plus « prudents ».
Un mécanisme inconscient puisque tous les volontaires attribuaient le même coefficient de séduction à la femme de l’expérience lorsqu’on les interrogeait par la suite.
Pour aller plus loin, sur le site du journal of Neuroscience, on peut lire que des injections intranasales d’ocytocine peuvent améliorer la communication dans les couples, booster l’empathie, accroitre la confiance et la générosité et réduire l’anxiété sociale.
Alors la fidélité serait-elle si simple ?
Oui, répondent les biologistes par rapport à une expérience qui est faite actuellement sur des mammifères qui sont des petits campagnols, les campagnols des prairies (modèle murin) qui nous ressemblent sur le plan génétique.
Pour Jacques Buvat, (Médecin endocrinologue président de la société francophone de médecine sexuelle) le campagnol des prairies est une espèce particulièrement fidèle et monogame chez qui nous savons que l’ocytocine est impliquée dans le mécanisme de la fidélité, du choix d’un partenaire et de la fixation à ce partenaire.
Chez la femelle du campagnol des prairies si l’on augmente son taux d’ocytocine ou si l’on augmente le nombre de ces récepteurs à l’ocytocine puisse que chaque hormone pour agir doit se fixer à un récepteur et donc plus il y a de récepteurs, plus l’effet biologique va être important. L’ocytocine joue donc un très grand rôle dans la formation du couple fidèle.
Et chez la femme c’est extrapolable ou chez l’homme chez l’être humain ?
Les études comparatives inter espèces montrent que les systèmes disons à ocytocine sont assez superposables dans l’espèce humaine à celles que l’on trouve chez ce petit campagnol. Il semble donc qu’à travers l’évolution des espèces, ce type de système un peu primitif mais essentiel à la survie de l’espèce, se soient transmis jusqu’à l’espèce humaine.
C’est en effet assez logique que l’on puisse retrouver des vestiges de ce type de comportement, et les scientifiques sont convaincus que ce sont plus que des vestiges !!!.
Les hormones du désir et de l’attachement (l’ocytocine, la vasopressine et la dopamine) font parties de notre équipement neurologique pour perpétuer l’espèce, s’accoupler et reproduire.
Il reste la motivation archaïque du désir et de l’amour, c’est-à-dire en fait : l’attirance physique, qui vient d’une nécessité biologique, de même que l’attachement est nécessaire afin de ne nous occuper de notre progéniture.
Nous ne sommes cependant pas tous égaux par rapport à la fidélité et à l’ocytocine, nos cerveaux ne sont pas équipés de la même façon en termes de nombre de récepteurs d’ocytocine, de sensibilité de ces mêmes récepteurs comme en termes de production d’hormones.
Tout cela nous amène à des profils d’individus plus ou moins fidèle, plus ou moins volages. Nous dirons que ceux qui ont beaucoup de récepteurs auront plus de chances d’être monogames comme ceux qui ont moins de récepteurs ont plus de chances d’être volages.
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