Le couple, la fidélité et le candaulisme

Le candaulisme, une autre forme de fidélité dans le couple

Par Candaule le 1er août 2012
Dans La relation de couple

Le couple évolue, tout comme les mœurs et les mentalités. Aujourd’hui, les notions de polyfidélité, fidélité plurielle, de couple fissionnel pour ne pas employer le terme de couple libéré, sont de plus en plus mises en avant. Par ailleurs, nombreux sont les hommes ou les femmes qui fantasment sur le fait de voir ou de savoir leur partenaire infidèle, le principe même du candaulisme.

En effet, l’infidélité n’est plus un sujet tabou. Ni un sujet qui fâche. « Autrefois la femme infidèle était chassée du village, alors que l’homme était le plus souvent pardonné. »

Aujourd’hui, les femmes peuvent désormais flirter avec l’adultère. En 1999, dans un sondage Nouvel Observateur/Sofres, 38 % d’entre elles concevaient l’amour sans l’obligation de fidélité et jugeaient qu’il n’est pas choquant qu’une femme mariée ait une liaison durable, ou occasionnelle, avec un autre homme. Dans le même temps, 86% d’entre elles la réprouvaient ! Shere Hite, psycho-sexologue américaine, a noté que 70% des femmes mariées depuis plus de 5 ans étaient "infidèles" (au moins une aventure)… Annette Lawson, sociologue britannique, auteure d’une étude importante ("Adultery", 1988), situe ce chiffre dans les 50 à 60 %. Le sondage Nouvel Observateur enregistrait en France 20 % de femmes n’ayant jamais été infidèles, mais qui considéraient que "cela pouvait leur arriver"… Quid des 80 % restant ?

L’adultère étant secret par définition, nous ne connaîtrons jamais la vérité des chiffres. Quoi qu’il en soit, le fait est que ces dames ont rattrapé ces messieurs : une enquête de 1969 enregistrait seulement 8 % de femmes mariées ayant trompé leur mari.

« Ce qui est nouveau, c’est que de plus en plus de femmes estiment qu’elles y ont droit », affirme Annette Lawson. L’infidélité, largement vulgarisée à coup de "soaps" tels que "Les feux de l’amour" et de faits divers dans la presse people, n’est plus considérée comme fatale. Il est acquis que les femmes, tout comme les hommes, veulent accéder à l’épanouissement sexuel, au même titre que… au travail.
Aujourd’hui tout le monde est donc d’accord : pas question de condamner. Que celle qui n’a jamais péché jette la première pierre !

Dans un contexte où la fidélité s’inscrit comme une valeur montante (84 % la considèrent comme une norme de réussite du couple, contre 72 % en 1981), Pour une personne candauliste, ce n’est donc plus la perspective de ses propres écarts matrimoniaux, mais ceux de l’être aimé, qui semble tenir lieu de carburant érotique. « Cette tromperie, ce n’est pas quelque chose qu’on aimerait voir se produire mais plutôt un scénario qu’on nourrit au quotidien ». Par ailleurs, les partenaires de candaulistes, le plus souvent des femmes (mais de nombreuses femmes sont aussi candaulistes), assument pleinement l’épanouissement de leur couple par la voie du candaulisme. Les partenaires de candaulistes, qu’ils soient hommes ou femme, assurent mener leur vie amoureuse à leur gré, jouir complètement de leur liberté en couple, sans pour autant faire souffrir autour d’eux. Partenaire d’un soir choisis puis éconduits, amants ou maîtresse dont on apprécie les qualités à travers une liaison durable en toute autonomie ou bien à travers une double vie, mais en gardant une distance, en dissociant amour et sexualité.... L’épouse d’un candauliste l’exprime très bien à travers ces propos : « Nous avons la pilule, la reconnaissance professionnelle, l’autonomie financière,... pourquoi pas la liberté en amour et en sexualité ? »

Le complice parfait d’un couple candauliste (que ce soit un homme ou une femme) est le complice « bouffée-d’oxygène ». Pour faire respirer quoi ? Le couple, valeur fondamentale d’un couple candauliste malgré les apparences, en ces temps incertains. Le concept est paradoxal mais simple : avoir un mari ou une épouse selon les cas et y adjoindre une maîtresse ou un amant, la solidité du mariage et les délicieux frissons de l’adultère, jouer sur les deux tableaux en toute impunité (car le candaulisme permet de partager l’émotion avec son partenaire officiel), semble bien être la dernière configuration à la mode.

Arguments pour : « On n’a que les bons côtés des débuts. Un complice, que ce soit un amant ou une maitresse ne râle pas, il n’est pas malade, il est toujours désirable et disponible. On s’enrichit d’émotions, on s’amuse ensemble. Il apporte des satisfactions qui ne sont pas uniquement sexuelles... En fait, il permet de supporter le quotidien, d’enrichir la libido du couple. »

Argument contre : « Il faut être très complice avec ses partenaires et bien organisé pour assumer une liaison adultérine consentie et se laisser le temps de partager les émotions que ce type de relation fait éprouver. »

Conclusion presque unanime : le jeu n’est pas simple mais il en vaut la peine. « Vivre ainsi demande de l’audace, mais je me sens tellement vivante » dit Laura. « J’ai l’impression de vivre non pas une double vie, mais de vivre doublement » ajoute une autre. Un autre encore : « Après tout, qu’est-ce que c’est la fidélité ? Je suis fidèle, à mon épouse et à mes maitresses. »

Quant à ceux que ce choix de vie atypique choque ou déroute, peut-être trouvent-ils probablement plus normal de tromper leur conjoint en cachette de façon égoïste plutôt que de partager cette émotion.

Certaines conditions sont cependant à respecter : agir ouvertement, un principe de loyauté qu’il faut ériger en règle de vie, parler, encore et toujours, accepter l’autre et s’accepter soi-même, vaincre la jalousie, apprivoiser la solitude et… oser être libre.

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